Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 24, 1846.djvu/49

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— Quel âge a cet homme, capitaine ?

— Nick a cinquante ans bien comptés. Il y en a vingt-cinq que je le connais ; c’était un guerrier brave et habile.

Pendant ce temps, le nouveau venu s’était tellement rapproché que son arrivée fit cesser la conversation, chacun se tenant debout les yeux fixés sur lui ; Quand Nick fut à cinq ou six pas du capitaine, il s’arrêta, croisa les bras, et demeura dans une attitude calme, pour ne pas montrer un empressement trop féminin à raconter son histoire. Il n’était nullement essoufflé et paraissait aussi composé que s’il avait parcouru à pas comptés l’espace qu’il venait de franchir en courant.

— Sago, sago, dit le capitaine, soyez le bienvenu, Nick ; je suis charmé de vous voir encore aussi agile !

— Sago, répondit l’Indien d’une voix gutturale et en inclinant légèrement la tête.

— Voulez-vous quelque chose pour vous rafraîchir, Nick, après votre voyage ? Nos arbres nous donnent maintenant d’excellent cidre.

— Le vin de Santa-Cruz est meilleur, répliqua le sentencieux Tuscarora.

— Le santa-cruz est certainement plus fort, répondit le capitaine en riant, et en ce sens vous pouvez le trouver meilleur. Vous en aurez un verre dès que nous serons rentrés. Quelles nouvelles nous apportez-vous ?

— Un verre ne suffit pas. Nick apporte des nouvelles qui en valent une carafe. La squaw donnera deux carafes pour les nouvelles de Nick. Est-ce un marché fait ?

— Moi ! s’écria madame Willoughby ; en quoi suis-je intéressée à vos nouvelles ? Mes deux filles sont près de moi, Dieu soit loué ; toutes deux se portent bien. Quel intérêt puis-je avoir à vos nouvelles, Nick ?

— N’avez-vous d’autres papoose que des filles ? Pensez que vous avez un garçon, officier, grand chef ; il est là-bas, il est ici.

— Robert le major ! que pouvez-vous avoir à me dire de lui ?

— Je dirai tout pour une carafe. La carafe est dans la maison ; l’histoire de Nick est ici. L’une vaut l’autre.

— Vous aurez tout ce que vous voudrez, Nick, pourvu que vous me donniez vraiment de bonnes nouvelles sur mon fils. Parlez donc, qu’avez-vous à me dire ?