Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 24, 1846.djvu/7

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antérieure. Cette date peut être considérée comme la moyenne de toutes les autres ; certains actes étant plus anciens, d’autres plus récents. Ces concessions de terrains étaient primitivement faites avec l’obligation de payer une rente à la couronne ; il fallait en outre, d’habitude, donner d’énormes gratifications aux officiers coloniaux, et enfin racheter les droits des Indiens. Cette dernière opération se faisait à peu près dans ces jours comme aux nôtres, et ce serait un objet de recherches curieuses que de déterminer la nature précise des valeurs d’échange données aux aborigènes. Dans l’acte qui est devant nous, nous voyons que le droit indien fut racheté par quelques fusils, des couvertures, des chaudières et des colliers, quoique la concession fût nominalement de cent mille acres, et en comprît réellement de cent dix à cent vingt mille.

À mesure que s’accrut la valeur du sol, l’abus des concessions amena une loi qui bornait à mille le nombre d’acres qui pouvaient être accordées à chaque concessionnaire. Nos prédécesseurs monarchiques avaient les mêmes dispositions que nous autres républicains, faire de la loi une lettre morte, et les mêmes moyens pour y arriver. La patente qui est entre nos mains, portant concession de cent mille acres, est faite au nom de cent différents concessionnaires, tandis que trois parchemins qui y sont joints sont signés chacun par trente-trois de ces mêmes concessionnaires, qui rétrocèdent leurs droits au premier nommé en tête de l’acte ; la date de ces derniers actes étant de deux jours postérieure à celle de la patente royale.

Telle est l’histoire de la plupart des titres originaires des propriétés qui couvraient cette contrée à une époque antérieure à la révolution. L’argent et le favoritisme, toutefois, n’étaient pas toujours les motifs de ces grandes concessions. Quelquefois elles étaient la récompense de services rendus, et dans bien des cas, de vieux officiers de l’armée recevaient, à titre de gratifications, une patente de concession à condition d’acquitter la rente et de racheter les droits indiens. Ces concessions à d’anciens militaires étaient rarement considérables, excepté lorsqu’il s’agissait d’officiers d’un grade supérieur, trois ou quatre mille acres bien choisies étant un lot suffisant pour des cadets des lairds d’Écosse ou des squires d’Angleterre, accoutumés à regarder une ferme comme un domaine.