Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 24, 1846.djvu/90

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un jour ou deux et, quant au reste, j’ai vu des baraques construites en une semaine, si je me souviens bien. Tu dois avoir quelques connaissances là-dessus. Quelle est ton opinion ?

— Je pense que cette maison peut être palissadée dans ce peu de temps ; je réponds de la sécurité de la famille, et avec votre permission je reste et je surveillerai les travaux.

Cette offre fut acceptée avec joie ; et le capitaine, accoutumé à être obéi dans les choses importantes, ordonna de laisser là aussitôt les ouvrages commencés. Seulement il fut permis à Joël de continuer les plantations. Comme il était nécessaire de creuser un fossé, cet ouvrage si simple pouvait se commencer à l’instant, aussi le major le fit-il entreprendre sans même être rentré dans la maison.

Il fallût d’abord creuser une ligne à six ou sept pieds de profondeur, pour entourer toute la construction à une distance d’environ trente pas de la maison. Cette ligne passait de chaque côté de la hutte, et rendait les flancs plus sûrs que le front, devant lequel se trouvait la plaine sur une surface légèrement inclinée. En une heure le major eut tracé la ligne avec exactitude, et six ou huit hommes se mirent à creuser le fossé. D’autres furent envoyés dans les bois avec ordre de couper une quantité suffisante de jeunes châtaigniers, et à midi il y en avait déjà une charge d’abattue. Cependant rien n’était encore fait aux portes.

À vrai dire, le capitaine était ravi. Ce spectacle lui rappelait sa vie militaire ; il allait de tous côtés, donnant des ordres, avec tout le feu de sa jeunesse qu’il sentait renaître. Mike, enterré comme une taupe, avait déjà creusé à une profondeur de plusieurs pieds, que les Yankees avaient à peine commencé leur travail. Quant à Jaime Allen, il allait à ouvrage avec réflexion mais on vit bientôt ses cheveux blancs au niveau de la terre. Le travail n’était pas dur, quoique le terrain fût un peu pierreux, et tout cela se faisait avec autant de rapidité que de succès. Toute cette journée et les trois suivantes, le rocher parut animé ; les attelages étaient mis en mouvement, les charpentiers sciaient, les laboureurs creusaient avec ardeur. Plusieurs trouvaient l’ouvrage inutile, illégal même ; mais aucun n’osait hésiter sous les yeux du major, que son père avait investi du commandement. Le quatrième jour, Joël termina ses plantations, quoiqu’il eût fait de