Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 28, 1850.djvu/50

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l’étranger savait quelque chose, et son inquiétude ne faisait qu’en augmenter. Il avait maintenant la conviction que, grâce aux maîtres du brick et du sloop, les parents de Dagget avaient eu les renseignements sur lesquels il avait lui-même compté pour faire sa fortune. Jusqu’où les conjectures étaient-elles allées ? c’est ce qu’il ne pouvait que supposer ; mais il fallait qu’on fût entré dans des détails pour que le neveu de Dagget fût venu à Oyster-Pond examiner les cartes marines avec autant de soin.

Il se félicita donc de s’y être pris à temps pour effacer les notes importantes qui se trouvaient sur le papier.

— Capitaine Gar’ner, vous avez de plus jeunes yeux que les miens, dit l’homme du Vineyard en tenant la carte marine au jour ; voulez-vous avoir la bonté de regarder ceci ? Est-ce qu’il ne vous semble pas qu’il y avait une note à côté de ce parage, et qu’on a effacé les mots qui se trouvaient sur la carte ?

Le diacre, en ce moment, regarda par-dessus l’épaule de Roswell Gardiner, et il fut heureux de pouvoir s’assurer que l’étranger avait mis le doigt sur un point qui était à plusieurs centaines de milles de celui qu’il supposait renfermer le trésor des pirates.

On eût dit, en effet, qu’il y avait quelque chose d’effacé au point indiqué ; mais la carte était si vieille et si sale, qu’il était presque inutile de l’examiner. Si le capitaine Dagget avait en vue le parage qu’il venait de montrer, c’était tout ce que l’on pouvait désirer, puisque ce parage était fort éloigné du point véritable.

— Il est étrange qu’un si vieux marin ait usé une carte à force de s’en servir et qu’il n’y ait laissé aucune observation, répéta l’étranger, dont le mécontentement et la surprise étaient visibles. Toutes mes cartes sont couvertes de remarques, comme si j’avais voulu en faire un livre pour mon usage particulier.

— Les goûts et les habitudes diffèrent, répondit Roswell Gardiner d’un ton indifférent. Il y a des navigateurs qui sont constamment à la recherche de rochers et de brisants, et qui ne cessent d’écrire sur leurs cartes marines ; mais je ne me suis jamais aperçu qu’ils en obtinssent un bon résultat. C’est à ceux