Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 3, 1839.djvu/134

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mais elle était cachée par les parties plus ornées des autres bâtiments. Elles y entrèrent par une porte massive entr’ouverte comme pour leur livrer passage.

— Cloé a parfaitement exécuté mes ordres, dit Catherine ; et maintenant si tous les domestiques sont endormis, nous avons la certitude de n’être ni dérangées ni surprises dans nos opérations.

Il fallait traverser le vestibule, ce qu’elles firent sans obstacle ; car il ne s’y trouvait qu’un vieux nègre profondément endormi à deux pas d’une sonnette. Elles passèrent ensuite par divers corridors formant une sorte de labyrinthe que Catherine semblait aussi bien connaître que ses compagnes le connaissaient peu, et après avoir monté un autre escalier, se trouvant sur le point d’arriver au terme de leur course, elles s’arrêtèrent un moment pour voir si elles pouvaient s’avancer davantage sans courir aucun risque.

Catherine entrant la première dans le corridor long et étroit où étaient les chambres des prisonniers, se retourna tout à coup vers ses deux amies, et leur dit à voix basse :

— Notre projet est manqué. — Il y a une sentinelle dans ce corridor, et je croyais qu’on l’avait placée sous les fenêtres.

— N’allons pas plus loin, dit Cécile ; je ne manque pas d’influence sur mon oncle, quoiqu’il nous traite quelquefois avec rigueur. Je m’en servirai demain matin pour le déterminer à les remettre en liberté, sous la promesse qu’ils feront de renoncer à toute tentative semblable.

— Demain matin il sera trop tard, répondit Catherine. J’ai vu ce démon incarné, ce Kit Dillon monter à cheval sous prétexte de se trouver à la grande chasse qui doit commencer au point du jour ; mais je connais trop bien l’expression de ses yeux méchants pour qu’il puisse me tromper. Si le jour trouve Griffith dans ces murs, il sera condamné à l’échafaud.

— N’en dites pas davantage, s’écria Alix avec une émotion extraordinaire ; quelque heureux hasard peut nous favoriser. Avançons vers la sentinelle.

En parlant ainsi, elle se remit en marche, et ses deux compagnes en firent autant. Mais à peine avaient-elles fait quelques pas qu’elles entendirent la voix ferme du soldat s’écrier :

— Qui va là ?

— Il n’est plus temps d’hésiter, dit Catherine ; et s’adressant