Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 3, 1839.djvu/235

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de construire, que des marins et des soldats de marine américains ont été faits prisonniers ce matin dans des ruines situées près de l’abbaye de Sainte-Ruth.

— C’est M. Griffith, s’écria Merry.

— Il ne faut pas tout l’esprit de votre cousine Catherine pour le deviner. Quoi qu’il en soit, j’ai proposé à l’homme à figure allongée de se rendre à l’abbaye pour traiter d’un échange. Il aura sa liberté pour celle de Griffith, et je rendrai tout l’équipage de l’Alerte pour le pilote, Manuel, ses soldats et nos Tigres.

— Nos tigres ! Quoi ! ils ont aussi pris mes Tigres ! Plût au ciel que M. Griffith m’eût permis de l’accompagner à terre !

— Ce n’était pas pour un jeu d’enfant qu’ils s’y rendaient, et il y avait à peine place sur leur chaloupe pour tous ceux qui s’y trouvaient. Or, ce Dillon a accepté ma proposition, et m’a donné sa parole d’honneur qu’une heure après son retour à l’abbaye Griffith nous sera rendu. La question est de savoir s’il tiendra sa promesse.


— Il est possible qu’il la tienne, dit Merry après avoir réfléchi un instant, car je crois qu’il regarde comme dangereux pour lui le séjour de M. Griffith sous le même toit que miss Howard. Je pense donc qu’en cela il peut être fidèle à sa parole, en dépit de son regard faux.

— Je conviens que son phare n’inspire pas la confiance. Cependant c’est un homme bien né ; il m’a fait les plus belles promesses ; ce serait lui faire injure que de douter de sa bonne foi, et je me fierai à lui. Maintenant écoutez-moi bien. L’absence de tous vos officiers supérieurs va faire peser une grande responsabilité sur vos jeunes épaules. Veillez sur cette batterie avec le même soin que si vous étiez au haut du grand mât de votre frégate, cherchant à découvrir l’ennemi. Si vous y entendez des mouvements extraordinaires, si vous y voyez des lumières changer de place, coupez votre câble sur-le-champ, et sortez de la haie. Vous me trouverez quelque part le long des rochers, et vous courrez des bordées près de la côte, tenant toujours l’abbaye en vue, jusqu’à ce que vous m’ayez rencontré.

Merry écouta avec la plus grande attention les ordres et d’autres instructions que lui donna son commandant ; car Barnstable ayant confié le commandement de sa prise à l’officier qui avait après lui le premier rang sur l’Ariel, et le troisième étant au