Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 3, 1839.djvu/24

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— Et j’en serai responsable, Monsieur, dit Barnstable avec un air de hauteur, envers ceux qui ont le droit de me demander compte de ma conduite.

Ils se séparèrent sans plus longue conversation. Le jeune officier courut avec impatience vers l’endroit où il avait laissé Catherine, en murmurant à demi-voix quelques paroles d’indignation ; le pilote serra machinalement sa ceinture autour de sa jaquette, en suivant en silence le midshipman et le contre-maître.

Barnstable trouva la femme déguisée, que nous avons présentée à nos lecteurs sous le nom de Catherine Plowden, plongée dans une inquiétude qui se lisait aisément sur ses traits expressifs. Comme il sentait fort bien la responsabilité que lui ferait encourir le moindre retard, malgré la réponse hautaine qu’il avait faite au pilote, il mit à la hâte le bras de Catherine sous le sien, ne songeant plus à son déguisement, et voulut l’entraîner avec lui.

— Allons, Catherine, allons, lui dit-il, le temps presse !

— Quelle nécessité si urgente vous force à partir si tôt ? lui demanda-t-elle en dégageant doucement son bras.

— Vous avez entendu les pronostics funestes de mon contre-maître, lui dit-il, et je suis forcé d’avouer qu’ils sont confirmés par les miens. Nous sommes menacés d’avoir une nuit orageuse ; et cependant je suis trop heureux d’être venu dans cette baie, puisque je vous ai rencontrée.

— À Dieu ne plaise que nous ayons à nous repentir l’un ou l’autre ! s’écria Catherine, la pâleur de la crainte chassant la rougeur vermeille qui animait ses joues ; mais vous avez le papier que je vous ai remis. Suivez bien les instructions que vous y trouverez, et venez nous délivrer : nous serons captives de bon cœur si c’est vous et Griffith qui êtes les vainqueurs.

— Que voulez-vous dire, Catherine ? Vous du moins vous êtes en sûreté maintenant. Ce serait une folie de tenter le ciel en vous exposant à de nouveaux périls. Mon vaisseau peut vous protéger, et il vous protégera jusqu’à ce que votre cousine soit en liberté. Souvenez-vous que j’ai des droits sur vous pour la vie.

— Et que ferez-vous de moi en attendant ?

— Vous serez sur l’Ariel, et, de par le ciel ! vous en serez le commandant. Je n’occuperai ce rang que de nom.

— Je vous remercie, Barnstable, mais je me méfie de mes talents pour remplir un pareil poste, répondit Catherine en sou-