Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 3, 1839.djvu/259

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ler de Tom-le-Long ? Probablement on vous a raconté la manière dont il harponne une baleine. Mon bras est vieux à présent ; mais il fallait me voir à dix-huit ans ! j’étais à la tête de la danse au cap Cod, et j’avais une danseuse presque aussi belle que vous ; oui vraiment ! et pourtant je n’avais encore harponné que trois baleines.

— Tom, répondit Catherine en s’approchant de lui vivement, je vous ai entendu nommer comme le contre-maître, le compagnon dévoué, l’ami sincère de M. Richard Barnstable. Peut-être m’apportez-vous une lettre ou un message de sa part ?

Le nom de son commandant rappela dans les yeux de Coffin toute son indignation. Accablant Dillon d’un seul, regard, il lui dit d’un ton dur et sévère que l’habitude des tempêtes et des combats, rend particulier aux marins : — Répondez, lâche menteur. Pourquoi le vieux Tom Coffin se trouve-t-il dans ces écueils et dans ces canaux étroits ? est-ce pour y apporter une lettre ? Mais de par le dieu qui a permis aux vents de souffler et qui a appris au marin à gouverner sa barque sur l’Océan, vous coucherez cette nuit sur les planches de l’Ariel ; et si c’est la volonté de Dieu que le schooner soit coulé à fond sur ses ancres comme une vieille carcasse de navire, vous irez à fond de cale en même temps, et vous y dormirez d’un long sommeil jusqu’à ce qu’il plaise à Dieu, de faire un jour l’appel de tout l’équipage.

La véhémence du vieux marin, son langage, son attitude, son énergie, l’indignation qui brillait dans ses yeux, tout en lui atterrait Dillon, plus timide qu’un lièvre sous la griffe du limier. La surprise tint les trois amies muettes pendant quelques instants ; et Tom, s’avançant vers sa victime qui tremblait de tous ses membres, lui passa les mains derrière le dos, lui noua une forte corde autour du corps, et en attachant l’autre bout à sa ceinture, il s’assura ainsi de son captif, en conservant le libre usage de ses mains et de ses armes.

— À coup sûr, dit Cécile qui fut la première à rompre le silence, M. Barnstable ne vous a pas chargé de commettre un pareil acte de violence envers le parent de mon oncle, dans la propre maison du colonel Howard. Miss Plowden, votre ami s’est étrangement oublié en cette occasion s’il a donné de pareils ordres à cet homme.

— Ma chère cousine, répondit Catherine avec vivacité, mon