Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 3, 1839.djvu/304

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été si peu nombreuse, et pourtant il me semble que ce schooner rebelle nommé l’Ariel aurait pu vous donner un cortége plus convenable. Je ne puis m’empêcher de penser que vous avez des amis à peu de distance.

— Ces ennemis sont ici, mon capitaine, dit le sergent Drill qui venait d’entrer sans être aperçu ; voici un jeune homme qui dit qu’on lui a volé, dans le bâtiment ruiné qui est là-bas, sa redingote et ses marchandises, et il y a tout lieu de croire que voilà le voleur.

Borroughcliffe fit signe au jeune marchand d’avancer. Il était resté à la porte, et il s’approcha avec tout l’empressement que peuvent donner le ressentiment d’une injure et le désir d’en obtenir réparation. Son histoire ne fut pas longue à raconter.

Il avait été attaqué par un homme et un enfant (et il reconnut ce dernier dans Merry) dans les ruines situées sur la lisière du bois, tandis qu’il arrangeait ses marchandises pour venir les montrer aux dames de l’abbaye. On lui avait volé son panier, tout ce qu’il contenait, et même sa redingote, que Merry avait encore sur lui. L’homme l’avait ensuite placé dans une chambre d’une vieille tour ; mais comme cet homme montait souvent tout au haut pour examiner le pays, il avait trouvé le moyen de s’échapper pendant son absence. Il finit par demander justice et restitution.

Merry écouta avec un calme méprisant les détails que le colporteur donnait avec chaleur et colère, et avant qu’il eût achevé, il lui avait déjà jeté avec dédain sa redingote.

— Nous sommes entourés, bloqués, assiégés, mon cher hôte, s’écria Borroughcliffe. C’est un plan formé pour nous enlever nos lauriers et nous priver de la récompense qui nous est due ; mais ils ont affaire à de vieux soldats, et nous y mettrons bon ordre. On voudrait triompher de l’infanterie ; car, vous le savez, Drill, la cavalerie n’a pas donné. Emmenez ce jeune homme, Drill ; veillez sur lui avec grand soin, et surtout ne le laissez manquer de rien.

Le capitaine rendit avec politesse le salut hautain que lui fit en se retirant le jeune midshipman, qui commençait à se regarder comme une victime vouée au martyre pour la liberté de son pays.

— Il y a du feu dans ce jeune homme, s’écria le capitaine quand Merry fut parti avec le sergent : et s’il vit assez pour avoir une moustache, celui qui ne la respecterait pas serait bien hardi. Je