CHAPITRE XXVIII.
Le son aigu de la cloche du souper, qui retentissait déjà dans la sombre galerie, annonçait ce repas quand miss Plowden y entra. Elle doubla le pas pour aller joindre ses compagnons, afin que son absence ne pût éveiller aucun soupçon. Miss Dunscombe était déjà en chemin pour se rendre dans la salle à manger ; mais Cécile était encore dans son salon, et Catherine l’y trouva seule.
— Vous avez donc osé vous hasarder ainsi, Catherine ! s’écria miss Howard.
— Oui, je l’ai osé, répondit miss Plowden en se jetant sur une chaise pour se remettre de son agitation ; oui, Cécile, je l’ai osé : j’ai vu Barnstable, et avant peu il sera maître de l’abbaye.
Cécile en apercevant sa cousine avait rougi ; mais bientôt elle devint pâle comme l’albâtre, comme si tout son sang était refoulé vers son cœur.
— Et nous aurons donc une nuit de sang ! s’écria Cécile en frémissant.
— Nous aurons une nuit de liberté, miss Howard… de liberté pour vous, pour moi, pour Merry, pour Griffith et pour leurs compagnons.
— Quel besoin peuvent avoir deux jeunes personnes comme nous, Catherine, de plus de liberté que nous n’en avons ici ? Croyez-vous que je puisse garder le silence en voyant mon oncle trahi sous mes yeux, peut-être même sa vie mise en danger ?
— Sa vie sera aussi respectée, aussi sacrée que la vôtre même, Cécile Howard. Si vous voulez condamner Griffith à la prison et peut-être au gibet, perdre Merry, trahir Barnstable, comme vous me menacez de le faire, rien n’est plus facile, vous en trouverez l’occasion pendant le souper ; et, comme la maîtresse de la maison