Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 3, 1839.djvu/350

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le-champ un officier inférieur qui avait manqué de subordination ; Barnstable de son côté sentait parfaitement la faute qu’il avait commise, mais sans en être contrit ; et ce n’était qu’avec peine que par égard pour sa maîtresse il s’abstenait de montrer le ressentiment de sa vanité blessée. Cependant tous deux d’accord par un même intérêt agissaient parfaitement de concert pour assurer l’embarquement des deux cousines.

Barnstable devança la marche de ses compagnes, et courut aux barques, afin que les deux captives y fussent placées le plus commodément possible. Le pilote ayant fait sa descente avec une suite nombreuse, et espérant en ramener une encore plus considérable, il avait fallu mettre à la mer toutes les barques des deux bâtiments, et elles étaient à peu de distance du rivage, attendant le retour de l’expédition. Un grand cri poussé par Barnstable donna avis de son arrivée à l’officier qui avait le commandement de la petite flottille, composée de cutters, de chaloupes, de pinasses, de berges, en un mot de toutes les barques, quel que soit leur nom, qu’on trouve à bord des vaisseaux de guerre. Un cri joyeux des équipages lui répondit, et au bout de quelques minutes la flotte en miniature aborda le rivage.

Si l’on eût consulté les craintes des deux cousines, on les aurait placées de préférence sur le cutter de la frégate qu’on nommait le Tigre, attendu que c’était la plus grande barque de toute l’escadre ; mais Barnstable aurait cru un pareil choix humiliant pour les épouses futures de deux officiers de marine ; il leur avant destiné une longue barque du capitaine Munson, qu’on regardait comme la barge d’honneur ; cinquante bras furent employés par son ordre à la tirer sur le sable, et l’on ne tarda pas à leur annoncer que tout était prêt pour les y recevoir.

Manuel avait fait halte avec son corps sur le haut des rochers, et il était fort affairé à placer des piquets et des postes d’observation, en style militaire, comme il le disait, pour couvrir et protéger l’embarquement des marins. On avait aussi laissé sous sa garde les domestiques de l’abbaye et les soldats de Borroughcliffe ; mais, le colonel Howard, le capitaine anglais, les trois dames et trois femmes de chambre étaient descendus par le ravin dont nous avons déjà parlé, et ils étaient inactifs et debout sur le rivage quand on vint les avertir qu’on les attendait pour partir.

— Où est-il donc ? demanda miss Dunscombe en jetant les yeux