Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 3, 1839.djvu/398

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— Merry, disait Barnstable, M. Griffith n’est-il pas blessé ? On dit qu’un maudit coup de canon a renversé une demi-douzaine de nos gens sur le gaillard d’arrière.

Avant que le jeune midshipman eût le temps de lui répondre, les yeux de Barnstable, qui pendant qu’il parlait ainsi parcouraient tout le tillac, rencontrèrent ceux de Griffith, et dès ce moment une parfaite harmonie se rétablit entre les deux amis.

— Ah ! vous voilà, Griffith, s’écria Barnstable, je suis ravi de vous voir sans boutonnière à la peaux. On vient de descendre le pauvre Boltrope dans une de ses soutes. Ah ! Griffith, si ce mât de beaupré eût tenu dix minutes, l’Anglais aurait porté quelques-unes de mes marques de plus !

— Tout est peut-être pour le mieux, répondit Griffith. Mais qu’avez-vous fait des dames que nous sommes tenus de protéger ?

Barnstable répondit d’abord par un geste expressif, indiquant le fond de cale, et il ajouta ensuite :

— Dans la soute des câbles, aussi en sûreté qu’on peut l’être entre le bois, le fer et l’eau. Et cependant Catherine à trois fois levé la tête jusque….

Un signe du pilote fit partir Griffith, et les jeunes officiers furent obligés d’oublier leurs sentiments privés pour s’occuper d’un devoir plus pressant pour le moment.

Le vaisseau qui offrait alors leur combat était une frégate à peu près du même port que celle des Américains, ayant le même nombre de bouches à feu, et paraissant avoir un équipage aussi nombreux. Griffith, en l’examinant, reconnut qu’on avait fait sur son bord tous les préparatifs convenables pour maintenir au moins l’égalité.

On avait graduellement réuni les voiles au nombre ordinaire ; et d’après certains mouvements qu’ils remarquèrent sur le pont, Griffith et son inséparable compagnon, le pilote, comprirent parfaitement que l’ennemi n’avait plus besoin de se rapprocher que de quelques centaines de toises pour commencer le combat.

— Maintenant déployez toutes les voiles ; dit le pilote.

Griffith prit son porte-voix, et fit entendre ces mots qui parvinrent jusqu’aux ennemis :

— Laissez tomber les voiles ! Tous les bras à l’œuvre ! Toutes les voiles au vent !

Un mouvement général répondit à ce cri. Cinquante marins