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à l’invitation qui venait de lui être réitérée de la manière la plus pressante.


CHAPITRE XXXIV.


Au milieu des gouttes de la rosée du soir, quand les dernières traces du soleil illuminent le firmament, ou diriges-tu la route solitaire ?
Bruyant.


Lorsque le jeune marin devenu le commandant de la frégate descendit du gaillard d’arrière pour se rendre à l’invitation pressante qu’il venait de recevoir, il eut la satisfaction de voir régner sur son vaisseau le même ordre et la même propreté que si rien n’en eût troublé la tranquillité. Le pont avait été lavé avec soin ; on n’y reconnaissait aucune des horribles taches que le sang y avait imprimées, et il y avait longtemps que la fumée produite par les canons avait cessé de monter, par les écoutilles pour se mêler avec les nuages. En passant le long des batteries, l’empressement qu’il avait de savoir pour quel objet on le faisait demander dans la cabane ne put l’empêcher de jeter les yeux sur les flancs de son navire et d’y voir les traces terribles qu’y avait laissées le passage des boulets lancés par les ennemis ; et lorsqu’il frappa légèrement à la porte de la cabane, son œil rapide avait déjà reconnu les principales avaries qu’avait essuyées le corps du navire.

La porte lui fut ouverte par le chirurgien en chef de la frégate. En se retirant de côté pour permettre à Griffith d’entrer, le docteur secoua la tête avec cet air qui dans un homme de sa profession annonce le terme de toute espérance, et il se retira ensuite pour aller donner des soins à ceux à qui ses secours pouvaient être plus utiles.

Le lecteur ne doit pas s’imaginer que Griffith eût perdu de vue Cécile et sa cousine pendant les événements multipliés de cette journée. Au contraire, son imagination active s’était représenté leur terreur et leur détresse, même dans la plus grande