Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 3, 1839.djvu/424

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reproches que lui firent ses ennemis. Son amour pour la liberté est un point plus douteux, car s’il combattit d’abord pour la nôtre, il termina ses jours au service d’un despote[1]. Le voilà mort. Mais s’il avait vécu dans un autre temps et dans d’autres circonstances ; s’il avait pu employer dans une marine régulière et bien organisée la connaissance parfaite qu’il avait de son état, le sang-froid qui ne l’abandonnait jamais dans les plus grands dangers, et le courage déterminé dont il donna tant de preuves ; si les habitudes de sa jeunesse l’avaient mis à même de supporter avec modestie le poids de sa propre renommée, aucun nom ne serait descendu avec plus de gloire jusqu’à la postérité la plus reculée du peuple qui l’avait adopté pour citoyen.

— En vérité, Griffith, dit Cécile avec un léger mouvement de surprise, vous en parlez avec une chaleur… Et qui était-il donc ?

— Un homme à qui j’ai promis le secret pendant sa vie, répondit Griffith ; et sa mort ne me décharge pas de ma promesse. Il vous suffit de savoir qu’il a été le principal instrument de notre union, et que notre bonheur aurait pu faire naufrage dans le voyage de la vie si nous n’avions pas rencontré ce pilote inconnu sur l’Océan germanique.

Voyant son mari se lever et prêt à sortir de l’appartement après avoir ramassé avec soin les journaux qu’il venait de parcourir, Cécile ne lui fit aucune autre question, et jamais ils ne s’entretinrent dans la suite sur ce sujet.

  1. Voyez, en contradiction avec ce passage, la note qui termine le roman.