Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 3, 1839.djvu/75

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rière lui, toujours dans la même attitude, il commença par dire au capitaine :

— Votre intention est-elle que M. Gray accompagne l’expédition ?

— Sans contredit.

— Et c’est de lui que vous attendez les renseignements nécessaires pour diriger nos opérations ?

— Vous ne vous trompez pas.

— Eh bien ! Monsieur, s’il a sur terre la moitié de l’habileté dont il a fait preuve sur mer, je garantis le succès.

En prononçant ces mots, il adressa un léger salut au pilote, qui y répondit par une inclination de tête faite d’un air froid.

— Maintenant, continua Griffith, j’en demande bien pardon à monsieur Barnstable et au capitaine Manuel, mais je réclame le commandement de l’expédition, comme m’appartenant de droit en vertu du rang que j’occupe sur ce vaisseau.

— Une expédition de cette nature appartient naturellement au schooner, s’écria Barnstable avec impatience.

— Nous pourrons trouver tous assez de besogne, répondit Griffith en faisant un signe des yeux à son ami, qui le comprit aussitôt. Du reste, je n’adopte entièrement l’avis ni de l’un ni de l’autre. On dit que depuis que nous avons paru sur cette côte, les maisons des personnes les plus distinguées sont gardées par de petits détachements de soldats tirés des villes voisines.

— Qui dit cela ? s’écria le pilote en s’avançant vers eux avec une vivacité qui causa un étonnement général.

— Je le dis, Monsieur, répondit le lieutenant après le premier mouvement de surprise.

— Indiquez une maison, répliqua le pilote, nommez un individu qui ait reçu une telle protection.

Griffith leva la tête pour regarder fixement l’étranger qui se permettait de prendre la parole sans être interrogé, et cédant à sa fierté naturelle, il hésitait à lui répondre ; mais se rappelant ce que lui avait dit le capitaine, et les services récemment rendus par le pilote, il lui dit d’un ton qui annonçait quelque embarras :

— Je sais positivement que cette mesure a été prise chez le colonel Howard, qui demeure à quelques milles des côtes, du côté du nord.

Ce nom causa au pilote une sorte de tressaillement involontaire.