Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 30, 1854.djvu/15

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venue d’un quatrième personnage, le docteur Mac-Brain, qui était non-seulement le médecin de la famille, mais l’ami de cœur de l’avocat. Ces deux hommes s’aimaient en vertu de l’attraction des contraires. L’un, vieux garçon, l’autre sur le point de se marier pour la troisième fois ; l’un tant soit peu cynique, l’autre philanthrope ; l’un prudent à l’excès, l’autre impétueux et confiant. Leurs points de ressemblance consistaient en un amour sincère de leurs semblables, une grande bonté de cœur, et une intégrité à toute épreuve. Si une de ces qualités essentielles avait manqué à l’un, l’autre n’aurait pu le supporter.



CHAPITRE II.


Où gît l’argile inerte, ô prodige ! ô merveille !
Pénètre du soleil le rayon éternel ;
Au même instant, un nouvel immortel
  Avec son créateur s’éveille !

Southey.



Lorsque le docteur Mac-Brain entra, les deux jeunes gens et Sarah, après l’avoir salué avec la familiarité de vieilles connaissances, se dirigèrent vers ce qu’elle appelait son jardin. Là elle mit aussitôt ses ciseaux à l’œuvre, coupant des roses, des violettes et d’autres fleurs printanières dont elle fit des bouquets pour ses compagnons, celui de Michel, le mieux fourni et le plus beau ; mais son frère ne s’en aperçut pas, absorbé qu’il était dans ses pensées, et se demandant comment il se faisait que la Constitution des États-Unis ne fût pas le palladium des libertés politiques et religieuses.

— Eh bien, Ned, dit l’avocat en étendant amicalement la main, mais sans se lever de sa chaise, qu’est-ce qui vous amène de si bonne heure ? Est-ce que la vieille Marthe a gâté votre thé ?

— Pas du tout ; ceci est une visite de profession.

— De profession ? je ne me suis jamais senti mieux portant ; et je vous signale comme un faux prophète, ou un mauvais mé-