Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 4, 1839.djvu/288

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n’étaient point destinées pour des oreilles terrestres. Tout à coup il éleva ses deux bras au-dessus du couple étonné, joignit ses mains comme pour leur donner sa bénédiction, après quoi cette espèce de vision s’évanouit, et aucune forme ne se projeta plus sur la voûte blanche ni sur les murs de l’église.

Une troisième fois le ministre interdit répéta l’appel solennel, et aussitôt tous les regards, comme par une impulsion secrète, se portèrent sur l’endroit où s’étaient reproduits à deux reprises les contours d’une forme humaine ; mais l’ombre ne parut plus. Après avoir attendu en vain quelques minutes, le docteur Liturgy continua d’une voix qui semblait plus tremblante qu’à l’ordinaire ; mais aucun incident extraordinaire ne vint troubler le reste de la cérémonie.

Cécile prononça ses vœux avec une sainte émotion. Lionel, qui semblait s’attendre à quelque malheur étrange, s’efforça de paraître calme jusqu’à la fin du service. Ils furent unis, et lorsque la bénédiction fut prononcée, pas le plus léger bruit ne se fit entendre dans l’église, et personne n’avait le courage de parler. Ils s’éloignèrent tous en silence de l’autel, et se disposèrent à partir. Cécile, pâle et tremblante, se laissa envelopper dans sa pelisse par Lionel, sans paraître s’apercevoir de son attention, et au lieu de l’en remercier par un sourire, elle jeta un regard inquiet sur la voûte, avec une expression à laquelle il était impossible de se méprendre. Polwarth lui-même était devenu muet, et Agnès oublia de faire à la mariée son compliment de félicitation, et de lui exprimer les souhaits que pendant la cérémonie elle n’avait cessé de former pour son bonheur.

Le docteur murmura quelques mots entre ses dents pour recommander à Job d’éteindre le feu et les chandelles, et il sortit sur les pas des mariés avec une précipitation qu’il lui plut d’attribuer à l’heure avancée, laissant le fils d’Abigaïl Pray en possession de la chapelle.