Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 6, 1839.djvu/100

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grâces en hésitant à ôter son habit devant vous pour se faire panser l’épaule. Soit ! soit ! quant à moi, je ne puis dire qu’il m’ait paru un homme bien élevé. Je suis prêt à lui rendre ce qui lui appartient pourtant, et je conviens qu’il n’est pas mauvais tireur, car il a tué ce daim fort proprement. N’est-il pas vrai, cousin ’Duke ? car vous n’y prétendez plus rien ?

— Richard, dit le major Hartmann en le regardant d’un air grave et sérieux, c’est un brave jeune homme. Lui avoir sauvé votre vie, la mienne, celle du ministre et celle de monsir Le Quoi. Tant que Fritz Hartmann avoir un hangar pour couvrir sa tête, lui jamais ne manquer d’apri.

— Fort bien, fort bien ; comme il vous plaira, mon vieil ami, répliqua M. Jones en affectant un air d’indifférence ; installez-le dans votre maison de pierre, si bon vous semble ; personne n’en sera plus étonné que lui, car je réponds qu’il n’a jamais couché sous un meilleur gîte que celui que peut offrir une hutte de sauvage comme celle de Bas-de-Cuir. Au surplus, si peu qu’il vaille, je vous prédis que vous le gâterez bientôt. N’avez-vous pas vu comme il a déjà pris un air fier pour s’être jeté étourdiment devant la tête de mes chevaux, à l’instant où je les forçais de tourner dans le bon chemin ?

— Ce sera moi, major, dit Marmaduke à Hartmann, sans faire attention à ce que Richard venait de dire ; ce sera moi qui veillerai à ce que ce digne jeune homme ne manque jamais de rien. Indépendamment du service qu’il m’a rendu en sauvant peut-être la vie à mes amis, j’ai contracté personnellement aujourd’hui une dette considérable envers lui. Mais je crains qu’il ne me soit pas facile de m’en acquitter. Il ne me paraît pas disposé à accepter mes offres de service. Il n’a répondu que par un air de répugnance bien prononcé à la proposition que je lui faisais de rester chez moi toute sa vie, si bon lui semblait. Ne l’avez vous pas remarqué comme moi, Bess ?

— En vérité, mon père, répondit Élisabeth en baissant les yeux, je n’ai pas assez étudié sa physionomie pour pouvoir juger de ses sentiments d’après ses traits. Mais si vous voulez avoir sur lui quelques renseignements, interrogez Benjamin. Il est impossible que ce jeune homme ait passé quelque temps dans nos environs sans que Benjamin l’ait déjà vu.

— Sans doute, sans doute, je l’ai déjà vu, dit Benjamin, qui