Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 6, 1839.djvu/134

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Elle n’a qu’à aller se présenter au café, la fainéante ! elle n’y sera pas surchargée d’ouvrage. Mais, à propos, sergent, n’est-ce pas un grand bonheur que de pouvoir assister au service divin, assis bien à son aise, sans être obligé de se lever je ne sais combien de fois, comme ce soir ?

— Mistress Hollister, répondit le vétéran tout en s’occupant d’exécuter les ordres qu’il avait reçus de sa moitié, c’est toujours un bonheur d’y assister, n’importe que ce soit assis, debout ou à genoux, comme M. Whitefield[1] nous ordonnait autrefois de le faire, après une journée de marche fatigante, tandis qu’il levait les mains au ciel, comme Moïse. Et là propos de cela, Betty, ce dut être une belle bataille que celle que les Israélites livrèrent ce jour-là aux Amalécites ! Il paraît qu’elle eut lieu dans une plaine ; car il est écrit que Moïse monta sur une hauteur pour en être témoin en employant les armes de la prière. Et, d’après mon petit jugement, Betty, je crois que les Israélites durent la victoire à leur cavalerie ; car le texte dit que Josué extermina les ennemis par le tranchant du sabre ; d’où je conclus non seulement qu’il avait sous ses ordres des cavaliers, mais des cavaliers bien disciplinés ; ce que je prouve encore par le texte qui dit que c’étaient des hommes d’élite, c’est-à-dire des volontaires, des miliciens ; car il est rare que des recrues de dragons sachent se servir du tranchant du sabre, et…

— Laissez-moi donc tranquille avec vos textes ! sergent. Faut-il tant de paroles pour si peu de chose ? À coup sûr, les Israélites ont gagné la bataille parce que le Seigneur combattait pour eux, comme il le fit toujours jusqu’à ce qu’ils l’eussent renié. Et si le Seigneur combattait pour eux, qu’importe quels hommes commandait Josué ? Des miliciens ! Dieu me pardonne de jurer ! ce sont eux qui ont été la cause de la mort du brave capitaine, le jour de la bataille que vous savez. Sans leur lâcheté, il aurait remporté la victoire.

— Je dois vous dire, mistress Hollister, qu’aucune troupe ne se battit mieux que le flanc gauche des miliciens à l’affaire dont vous parlez ; ils se rallièrent fort proprement, quoique sans tambours, ce qui n’est pas facile à faire quand on est sous le feu de l’ennemi ; et ils tenaient encore ferme quand le capitaine tomba.

  1. Whitefield est un des apôtres du méthodisme, et se rendit en Amérique pour y propager les principes de sa secte.