Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 6, 1839.djvu/284

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j’essaie de lui envoyer une balle dans l’œil. J’ai dans l’idée que cela l’expédiera plus vite.

Tout en parlant ainsi il approchait de l’endroit où il avait laissé la panthère, et il avait ses raisons pour s’y rendre, quand tout à coup il entendit du bruit dans les broussailles. Ne sachant si c’était un homme ou quelque animal sauvage, il appuya la crosse de son fusil contre son épaule, en dirigea le canon du côté d’où venait le bruit, et s’écria : — Qui va là ?

— C’est moi, Natty, c’est moi, s’écria Hiram Doolittle en se montrant avec un empressement occasionné par la crainte qu’il avait que le vieux chasseur ne tirât à tout hasard ; quoi ! vous voilà en chasse par un jour aussi chaud ! Prenez-y garde, et n’allez pas contrevenir à la loi.

— La loi, squire ? Voici quarante ans que j’ai donné une poignée de main à la loi en signe d’alliance, reprit Natty. Qu’est-ce qu’un homme qui vit dans les bois a de commun avec la loi ?

— Pas grand-chose, peut-être ; mais vous faites quelquefois un trafic de venaison, et je suppose que vous n’ignorez pas, Bas-de-Cuir, que le congrès a porté une loi qui condamne à une amende de cinq livres sterling, c’est à-dire de douze dollars cinquante centimes de monnaie courante, quiconque tuera un daim entre les mois de janvier et d’août, et le juge a résolu de le faire exécuter rigoureusement.

— À cet égard, je vous crois, monsieur Doolittle ; je crois tout ce que vous voudrez me dire d’un homme qui a mis ce pays sens dessus dessous.

— La loi est positive, vous dis-je ; et il est du devoir du juge de veiller à son exécution. Cinq livres d’amende ! Il me semble que j’ai entendu vos chiens aboyer ce matin ; on aurait dit qu’ils suivaient la piste de quelque pièce de gibier. Prenez garde qu’ils ne vous mettent dans l’embarras.

— Oh ! ils ont trop de respect pour la loi, presque autant que leur maître ; mais sur l’amende dont vous parlez, combien en revient-il au dénonciateur ?

— Combien ? répéta Hiram en baissant les yeux sous le regard perçant du vieux chasseur ; mais… la loi en accorde au dénonciateur… la moitié, à ce que je crois… oui, c’est la moitié. Mais vous avez du sang sur votre manche, Natty ; est-ce que vous avez tué du gibier ce matin ?