Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 6, 1839.djvu/286

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— Oui, oui, je m’en souviens. Eh bien ! je dois dire que ce sont des chiens admirables, et je suis dans l’étonnement.

Pendant ce temps, Natty s’était assis à terre, et mettant sur ses genoux la tête de l’ennemi qu’il avait terrassé, il prit son couteau, et se mit à lui enlever la peau de la tête avec une dextérité qui annonçait une main exercée.

— Et de quoi êtes-vous étonné, monsieur Doolittle ? Est-ce que vous n’avez jamais vu scalper une panthère ? Mais, puisque vous êtes magistrat, vous devriez me donner un ordre pour toucher la prime, car je savais fort bien qu’il m’en était dû une.

— La prime ! sans doute, cela est juste. Eh bien ! allons dans votre habitation, et je vous délivrerai un ordre, quand vous aurez prêté le serment prescrit par la loi. Je suppose que vous avez une Bible ! La loi n’exige que les quatre évangélistes et l’oraison dominicale.

— J’ai dans l’idée que je n’ai pas une Bible telle que la loi l’exige.

— Il n’y a qu’une espèce de Bible, Natty ; la vôtre sera aussi bonne qu’une autre. Partons, partons, je veux recevoir votre serment sur-le-champ.

— Doucement, monsieur Doolittle, doucement, dit le vieux chasseur en se levant, et en tenant en main la preuve de sa victoire ; qu’avez-vous besoin de serment pour une chose dont vous ne pouvez douter ? ne vous ai-je pas conté toute l’histoire, et ne m’avez-vous pas vu scalper la bête ? Le juge Temple pourrait me demander un serment, parce qu’il n’a pas été témoin du fait, mais vous…

— Mais nous n’avons ici ni plume, ni encre, ni papier, Bas-de-Cuir ; il faut donc que nous allions chez vous pour que je puisse écrire l’ordre.

— Est-ce que vous me prenez pour un savant, monsieur Doolittle, pour croire que vous trouverez dans ma hutte du papier, de l’encre et des plumes ? Je croyais qu’un magistrat avait tout cela dans sa poche. Eh bien ! Je porterai cette peau au village, et j’y recevrai l’ordre pour toucher la prime. Au diable soit le bout de courroie qui pend au cou de ces chiens ! Ils finiront par s’étrangler. Auriez-vous un couteau à me prêter, monsieur Doolittle ? Le mien n’est pas assez affilé pour couper de pareil cuir.

Hiram, qui semblait désirer en ce moment d’être en bonne intelligence avec le vieux chasseur, tira de sa poche un grand