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NOTE SUR L’ÉRABLE.




L’érable est un arbre de la famille des acérinées (polygamie monoécie), dont on connaît vingt et une espèces nouvelles aux parties tempérées de l’un ou de l’autre continent. Les plus intéressantes sont : l’érable sycomore, qui donne aussi du sucre ; l’érable plane, remarquable par son beau port et sa feuille précoce ; l’érable noir, variété de l’érable à sucre ; l’érable blanc ; l’érable rouge, etc., etc. ; mais surtout l’érable à sucre, qui est celui qui doit nous occuper. Nous avons recours, pour le faire connaître, à MM. L. Deslongchamps et Michaux.

« L’érable à sucre, acer saccharinus (Linn.), atteint quelquefois une grande élévation dans son pays natal, comme soixante-dix à quatre-vingts pieds : mais le plus communément il ne s’élève qu’à cinquante ou soixante pieds. Ses feuilles ont environ cinq pouces de largeur ; elles sont portées sur de longs pétioles, et découpées en cinq lobes entiers et aigus, lisses et d’un vert clair en dessus, glauques ou blanchâtres en dessous. Ses fleurs sont petites, jaunâtres, portées sur des pédoncules minces, flexibles, et disposées en corymbes peu garnies. Ses fruits sont formés de deux capsules ovales, renflées, dont les ailes sont courtes, redressées et rapprochées. Cet érable est originaire du nord des États-Unis d’Amérique et du Canada, où il croît dans les situations froides et humides, mais dont le sol est fertile et montagneux.

« Le bois de l’érable à sucre a le grain fin, très-serré, et il est susceptible, quand il est travaillé, de prendre un beau poli et une apparence soyeuse comme lustrée ; nouvellement débité, il est d’abord blanc et devient avec le temps d’une couleur rosée. Il est assez pesant, et il a beaucoup de force. Dans quelques parties du nord des États-Unis, où le chêne est fort rare, on l’emploie dans les campagnes pour faire la charpente des maisons, et dans certains ports pour former la quille et la partie inférieure des vaisseaux, parties qui, restant toujours submergées, ne sont pas sujettes aux alternatives de sécheresse et d’humidité qui font promptement pourrir le bois d’érable à sucre et le rendent peu propre à beaucoup d’autres constructions. Quand il est bien desséché les charrons s’en servent aussi pour faire des essieux de voitures, des jantes de roues, et les ébénistes savent tirer parti de certaines ondulations de ses fibres ligneuses, et de certaines petites taches qui se rencontrent dans les vieux arbres, pour en fabriquer des meubles de prix. Le bois de cette espèce, parsemé de ces petites taches qui n’ont pas ordinairement plus d’une ligne de largeur, est nommé érable à l’œil d’oiseau. Elles sont quelquefois contiguës les unes aux autres, quelquefois aussi distantes de plusieurs lignes ; plus elles sont multipliées, plus cet érable