Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 6, 1839.djvu/44

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beautés dont il était le créateur, et songeait avec une satisfaction intérieure qu’un grand nombre de ses semblables lui devaient le bonheur dont ils jouissaient dans ce hameau paisible.

Tout à coup le son d’un grand nombre de clochettes attira l’attention des voyageurs, et annonça l’approche d’un autre sleigh, et le bruit qu’elles faisaient annonçait que le conducteur menait ses chevaux grand train. La route faisant un coude en cet endroit, et étant bordée d’épais buissons, ils ne purent savoir qui arrivait ainsi que lorsque les deux sleighs se rencontrèrent.


CHAPITRE IV.


Comment donc ? qui de vous a perdu sa jument ? De quoi s’agit-il ?
Falstaff.



Quelques minutes suffirent pour tirer nos voyageurs d’incertitude. Dès qu’ils eurent tourné le coude de la route, ils virent arriver un grand sleigh traîné par quatre chevaux, dont les deux premiers étaient gris et les deux autres noirs. De nombreuses clochettes attachées aux harnais produisaient une musique peu agréable aux oreilles, mais qui annonçait que, quoique la route fût assez escarpée, les chevaux n’en avançaient pas moins vite. Le juge n’eut besoin que d’un coup d’œil pour reconnaître le conducteur de cet équipage, qui contenait quatre personnes, toutes du sexe masculin.

Assis sur le devant du sleigh, celui qui tenait en mains les rênes, et qui animait de temps en temps les chevaux en employant alternativement la voix et le fouet, était un petit homme couvert d’une redingote bordée de fourrure, et dont on ne voyait que le visage, auquel le froid avait donné une couleur rouge uniforme. Il portait habituellement la tête haute, toujours levée vers le ciel, comme pour lui reprocher de l’avoir trop rapproché de la terre par sa petite taille. Derrière lui, et le visage tourné vers les deux autres, était un homme de haute stature, avec un air militaire,