Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 6, 1839.djvu/46

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jour, monsieur Le Quoi. Monsieur Grant, je suis bien sensible à votre attention. Messieurs, je vous présente ma fille, vous la connaissez déjà, et vous n’êtes pas étrangers pour elle.

— Vous êtes le bienvenu, monsieur Temple, dit le plus âgé des voyageurs arrivants, avec un accent allemand fortement prononcé. Miss Petsy me devra un baiser.

— Et je le paierai bien volontiers, mon cher Monsieur, répondit Élisabeth en souriant ; j’aurai toujours un baiser pour mon ancien ami le major Hartmann.

Pendant ce temps, l’individu à qui le juge avait adressé la parole sous le nom de M. Le Quoi s’était levé avec quelque difficulté, à cause de la masse de vêtements dont il était couvert, et tenant son bonnet d’une main, tandis qu’il s’appuyait de l’autre sur l’épaule du conducteur, il dit en jargon moitié anglais, moitié français :

— Je suis charmé de vous voir, monsieur Temple, enchanté, ravi. Mademoiselle Liz’beth, votre très-humble serviteur.

— Couvre ta nuque, Gaulois, couvre ta nuque, s’écria Richard Jones, qui conduisait le sleigh, ou le froid te fera tomber le peu de cheveux qui te restent. Si Absalon n’en avait pas eu davantage, il vivrait peut-être encore aujourd’hui.

Les plaisanteries de Richard ne manquaient jamais d’exciter la gaieté ; car, si ceux qui les entendaient conservaient leur gravité, il partait lui-même d’un grand éclat de rire, ce qu’il ne manqua pas de faire en cette occasion. Le ministre (telle était la qualité de M. Grant) offrit modestement ses félicitations à M. Temple et à sa fille sur leur arrivée ; et Richard Jones se prépara à faire tourner son sleigh pour retourner à Templeton.

La route, comme nous l’avons déjà dit, était si étroite, qu’il ne pouvait tourner en cet endroit sans faire entrer ses chevaux dans une carrière qu’on y avait creusée pour en tirer des pierres qui avaient servi à bâtir les maisons du village. Cette carrière était très-profonde, et s’avançait jusqu’au bord de la route, mais on avait ménagé un chemin pour que les voitures qui allaient chercher des pierres pussent y descendre. Il s’agissait donc, pour faire tourner le sleigh, de faire avancer un moment les chevaux au bord de ce chemin dont la descente était assez rapide, et cela n’était pas facile quand on en avait quatre à conduire. Aggy proposa de dételer les deux de devant, et Marmaduke insista forte-