Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 7, 1839.djvu/363

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un cri de triomphe, car elles pensaient que le courage du Pawnie l’avait enfin abandonné. Le Trappeur trembla pour l’honneur de son ami, et Hector, comme s’il devinait ce qui se passait, leva le nez en l’air, et poussa in hurlement plaintif.

Mais l’hésitation du Pawnie ne dura qu’un instant. Il leva son autre main avec la rapidité de l’éclair, le tomahawk brilla en l’air, et Wencha tomba à ses pieds la tête fendue jusqu’à l’œil. Alors, l’arme sanglante à la main, il se fit jour à travers les femmes effrayées, et d’un seul bond il était au bas de la collines.

Si le feu du ciel fût tombé en ce moment au milieu des Tetons, il n’aurait pas jeté dans leurs rangs une plus grande consternation que cet acte de désespoir héroïque. Des cris aigus et plaintifs furent poussés par toutes les femmes, et il y eut un instant où même Les plus vieux d’entre les guerriers semblaient avoir perdu l’usage de leurs sens. Cette stupeur me dura qu’une minute, et elle fit place à des cris de vengeance qui partirent de cent bouches à la fois, tandis qu’autant de guerriers s’élançaient en avant, la bouche écumant de nage. Mais la voix puissante et impérieuse de Mahtoree arrêta tous les pas. Le chef sur la figure duquel se peignaient le désappointement et la rage, malgré les efforts qu’il faisait pour conserver Un air de calme et de dignité, étendit le bras du côté de la rivière, et tout le mystère fut éclairci.

Cœur-Dur avait déjà traversé près de la moitié du bas-fond qui séparait la colline du bord de l’eau. Au montent même une troupe de Pawnies à cheval tourna une hauteur et accourut au grand galop sur l’autre rive. Bientôt les Sioux entendirent le bruit que fit le fugitif en se précipitent dans la rivière ; quelques minutes suffirent à son bras vigoureux pour la traverser, et alors les exclamations qui retentirent sur la rive opposée apprirent aux Tetons confondus toute l’étendue du triomphe de leurs ennemis.