Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 8, 1839.djvu/240

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lourd et superstitieux c’était une impiété d’invoquer ainsi la tempête, au moment où les vents semblaient déployer toute leur fureur.

— C’est une tempête terrible, il est vrai, dit-il, et telle que beaucoup de marins passent leur vie entière sans en voir, de semblable ; mais ce serait peu connaître la mer que de croire qu’il n’y a point encore plus de vents en provision du côté d’où elle part.

— Qu’elle souffle, s’écria Wilder en se frappant les mains dans une sorte de frénésie, je ne demande que du vent.

Tous les doutes de Knighthead, s’il lui en restait encore, sur le caractère du jeune étranger qui avait pris si étrangement possession du poste de Nicolas Nichols, se trouvèrent pour le coup éclaircis ; il retourna au milieu de l’équipage silencieux et pensif de l’air d’un homme dont l’opinion est fixée. Wilder ne parut faire aucune attention à lui, mais il continua d’arpenter le tillac pendant des heures entières, tantôt jetant les yeux sur le ciel, tantôt lançant des regards fréquens et inquiets sur l’horizon borné, tandis que la Royale Caroline continuait à flotter devant le vent, débris impuissant et mutilé.


CHAPITRE XVII.


« Écoutez, et vous entendrez le dernier de nos malheurs sur mer. »
Shakspeare


La violence de la tempête s’était fait sentir au moment où Earing et ses infortunés compagnons avaient été précipités avec le mât dans la mer. Quoique le vent continuât à souffler longtemps après ce fatal événement, c’était avec une force toujours décroissante. À mesure que l’ouragan tombait, les flots commen-