Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 8, 1839.djvu/351

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— Holà ! une voile ! s’écria le matelot placé en observation au haut du mât. Holà ! une voile ! répéta-t-on de toutes parts du haut des huniers comme du pont ; car, malgré son éloignement, elle avait été aperçue au même instant d’une douzaine d’hommes. Le Corsaire fut forcé de prêter attention à un cri si souvent répété, et Fid profita de la circonstance pour quitter la poupe avec la précipitation d’un homme qui n’était pas fâché de cette interruption. La gouvernante se leva à son tour, et se retira triste et pensive dans sa cabine.


CHAPITRE XXV.


« Ils se préparent aujourd’hui sur mer. »
ShakspeareAntoine et Cléopâtre.


L’annonce d’une voile, dans une mer aussi peu fréquentée que celle où se trouvait le Corsaire, ranima l’équipage. Suivant leur manière de calculer, plusieurs semaines avaient déjà été entièrement perdues par leur chef, en plans chimériques et sans résultat. Ils n’étaient pas gens à raisonner sur la fatalité qui leur avait ravi le vaisseau de Bristol ; il suffisait à leurs esprits grossiers que ce riche butin leur eût échappé. Sans examiner les causes de cette perte, ils n’avaient été, comme nous l’avons déjà vu, que trop disposés à faire tomber leur ressentiment sur la tête innocente de l’officier qui était chargé du soin d’un vaisseau qu’ils regardaient déjà comme leur proie. Il se présentait enfin une occasion de réparer leur perte. Le bâtiment étranger allait les rencontrer dans une partie de l’océan où il n’y avait à peu près aucun secours à espérer, et les flibustiers auraient le temps de profiter complètement du succès qu’ils pourraient obtenir. Chacun, sur le vais-