Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 8, 1839.djvu/392

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entièrement à votre service. Et maintenant, je vous renouvelle mes adieux.

Saluant de nouveau, il s’avança, en reprenant son air délibéré, vers le passe-avant ; et en descendant du vaisseau, ses yeux restèrent attachés sur les haliards du Dard, avec la même expression que ceux d’un peut-maître qui examine la coupe des vêtement d’un nouveau débarqué de province. Le capitaine lui réitéra son invitation avec chaleur, et fit un geste de la main pour lui faire ses adieux momentanés laissant ainsi sans s’en douter s’échapper de ses mains l’homme dont la capture lui aurait enfin valu cette promotion si différée, et qu’il désirait secrètement avec toute l’ardeur d’un espoir si souvent déçu.


CHAPITRE XXVIII.


« Qu’ils inventent des accusation contre moi, je leur opposerai mon honneur. »
Shakspeare


— Oui ! murmura le Corsaire avec une ironie amère, tandis que sa chaloupe passait sous la poupe du croiseur de la couronne ; oui, moi et mes officiers nous goûterons à votre banquet, mais les mets seront de nature à ne pas plaire infiniment à ces esclaves soudoyés du roi. Ramez, mes amis, courage, ramez ; dans une heure vous aurez pour récompense tout ce qui se trouve dans les soutes de ce vieux fou.

Les avides flibustiers qui maniaient la rame purent à peine s’empêcher de pousser de grands cris de joie ; ils ne furent retenus que par la nécessité de conserver cet air de modération que la politique exigeait encore, mais leur ardeur s’exprima en redou-