Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 8, 1839.djvu/79

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tons des deux côtés de la porte, montraient assez qu’on pouvait en un instant établir une barrière en cet endroit.

L’ensemble de ces arrangemens annonçait que la cabine était regardée comme la citadelle du vaisseau. Ce qui confirmait cette dernière opinion, c’était un escalier qui communiquait évidemment aux chambres des officiers subalternes, et qui ouvrait un passage direct jusqu’au magasin. Ces dispositions, un peu différentes de ce qu’il était habitué de voir, frappèrent sur-le-champ Wilder, quoiqu’il n’eût pas alors le loisir de se demander quelle pouvait en être la cause ou l’utilité.

Il y avait une expression secrète de satisfaction, tempérée peut-être par une légère teinte d’ironie, sur la physionomie de l’étranger en redingote verte, — car il avait encore le costume sous lequel nous l’avons présenté la première fois au lecteur, — lorsqu’il se leva en voyant entrer Wilder. L’un et l’autre restèrent quelques instans sans parler ; le prétendu avocat fut le premier à rompre enfin le silence.

— À quelle heureuse circonstance ce vaisseau doit-il l’honneur de votre visite ? demanda-t-il.

— Je crois pouvoir répondre à l’invitation de son capitaine, dit Wilder avec une assurance égale à celle que montrait l’autre.

— Vous a-t-il fait voir son brevet en prenant ce titre ? On dit, je crois, sur mer, qu’aucun croiseur ne doit être sans brevet.

— Et que dit-on aux universités sur ce point important ?

— Je vois que je ferai mieux de déposer la robe pour reprendre l’uniforme de marine, reprit l’autre en souriant. Il y a dans notre métier… dans notre profession, devais-je dire, puisque c’est votre expression favorite, quelque chose qui nous révèle malgré nous l’un à l’autre. Oui, monsieur Wilder, ajouta-t-il avec dignité en faisant signe à son hôte d’imiter son exemple et de prendre un siège, je suis un marin comme vous, et je suis heureux de pouvoir ajouter, le commandant de ce noble vaisseau.

— Alors, vous devez convenir que je ne me suis pas présenté sans une autorisation suffisante.

— Je l’avoue. Mon vaisseau a paru fixer agréablement vos regards, et je dois m’empresser de dire de mon côté que votre air, vos manières, tout en vous m’a fait désirer de faire avec vous une plus ample connaissance. Vous cherchez du service ?

— On doit rougir de rester dans l’inaction dans des temps d’agitation et d’activité.