Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 9, 1839.djvu/11

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Les premières annales de notre histoire ne manquent pas d’exemples nobles et touchants de sauvage héroïsme. La Virginie a sa légende du puissant Powhattan et de sa fille magnanime Pocahontas, si mal récompensée[1]. Les chroniques de la Nouvelle-Angleterre sont remplies des actions courageuses et des entreprises téméraires de Miantonimoh, de Metacom et de Conanchet. Ces derniers guerriers se montrèrent dignes d’un meilleur sort, en mourant avec une force d’âme et pour une cause qui, s’ils avaient vécu dans un siècle plus civilisé, eussent inscrit leurs noms parmi ceux des plus célèbres héros de l’époque.

La première guerre sérieuse à laquelle prirent part les planteurs de la Nouvelle-Angleterre fut celle que leur déclarèrent les Pequots. Cette nation fut domptée après un sanglant combat ; et ceux qui ne furent point envoyés dans un esclavage lointain se trouvèrent heureux de devenir les auxiliaires de leurs vainqueurs. Cette première guerre eut lieu environ vingt ans après l’époque où les Puritains cherchèrent un refuge en Amérique.

On a lieu de croire que Metacom prévit le sort de son propre peuple dans l’infortune des Pequots. Quoique son père eût été le premier et le plus constant ami des blancs, il est probable que les Puritains devaient en partie cette amitié à une dure nécessité. On raconte qu’une terrible maladie avait régné parmi les Wampanoags peu de temps avant l’arrivée des émigrants, et que leur nombre se trouvait diminué d’une manière effrayante par ses ravages. Quelques auteurs ont supposé que cette maladie pouvait être la fièvre jaune, dont les invasions, comme on le sait, ont lieu à des intervalles fort éloignés, et qui n’ont rien de régulier. Quelle que fût la cause de la destruction de ce peuple, on croit que Massassoit fut déterminé par ses conséquences à cultiver l’amitié d’une nation qui pouvait le protéger contre les attaques de ses anciens ennemis que le fléau avait moins affligés. Mais son fils paraît avoir contemplé d’un œil plus jaloux l’influence croissante des blancs. Il passa le matin de sa vie à mûrir de grands projets pour la destruction de la race étrangère, et ses dernières années s’écoulèrent dans de veines tentatives pour mettre ses hardis desseins à exécution. Son activité infatigable à réunir la

  1. L’histoire de Pocahontas est une des plus touchantes traditions américaines. Cette fille de roi devint la protectrice des premiers colons anglais, épousa l’un d’eux, fit un voyage en Angleterre, et y mourut de la petite vérole, du temps de Jacques Ier. Ses descendants existent encore en Amérique.