Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 9, 1839.djvu/121

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— Tu dois avoir bien besoin de chaleur et de nourriture ; la distance de la vallée à la plus proche habitation est bien longue, et celui qui l’a traversée dans une saison semblable à celle-ci doit éprouver une grande fatigue. Suis-moi, et fais usage de tout ce que nous possédons, comme si c’était ta propriété.

Quoique l’étranger ne manifestât pas cette impatience que le maître de la vallée supposait à quelqu’un se trouvant dans une situation aussi étrange, il n’hésita point à se rendre à une telle invitation. Il suivit les pas de Content avec calme et dignité, et une ou deux fois, lorsque le maître de l’habitation s’arrêta à demi pour faire une observation polie, il ne montra point cet air pressé qu’on aurait pu facilement pardonner à une personne qui avait voyagé si longtemps, et dans une si mauvaise saison, sur une route où il n’avait pas trouvé un lieu de sûreté ou de repos.

— Voici un appartement chaud et paisible, dit Content en faisant avancer l’étranger au milieu d’un groupe de personnes inquiètes ou effrayées ; dans quelques minutes on pourvoira à tes autres besoins.

Lorsque l’inconnu se trouva exposé à la lueur d’une lumière brillante et à l’examen de tant de regards curieux et surpris, il sembla hésiter un instant ; puis, avançant avec calme, il jeta le court manteau de voyage qui avait jusqu’alors caché son visage, et découvrit l’œil sévère, les traits sombres et les formes athlétiques de celui qui était déjà entré dans habitation de Wish-ton-Wish, et qui l’avait quittée si mystérieusement.

Le Puritain s’était levé avec une grave courtoisie pour recevoir l’étranger ; mais un intérêt puissant et visible brilla sur ses traits ordinairement mornes, lorsqu’il reconnut la personne qui s’avançait vers lui.

— Mark Heathcote, dit l’inconnu, ma visite est pour toi ; elle sera ou ne sera pas plus longue que la dernière, suivant la manière dont tu recevras les nouvelles que je t’apporte : des affaires d’une grande importance demandent à être écoutées sans perdre un moment.

Malgré la surprise excessive que le vieux capitaine éprouvait certainement, elle ne dura que le temps nécessaire pour être aperçue de ceux qui l’entouraient. Le calme revint avec l’empire qu’il avait sur lui-même, et d’un geste amical il invita l’inconnu à le suivre dans l’autre appartement. L’étranger obéit, et salua Ruth en passant devant elle pour se rendre dans l’appartement