Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 9, 1839.djvu/266

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divine d’une oreille froide et préoccupée. Pour obéir littéralement aux ordres du prédicateur, les yeux de chaque individu de la congrégation s’étaient élevés vers les soliveaux bruts de la voûte, lorsque la voix inconnue se fit entendre, et détruisit toute l’illusion. Par un mouvement général chacun sembla demander l’explication d’un appel aussi extraordinaire. Le ministre devint muet de surprise et d’indignation. Un seul regard fut suffisant pour prouver que d’importantes nouvelles allaient être communiquées. Un étranger d’un aspect austère, dont le regard était calme et rempli d’intelligence, était debout à côté de Whittal Ring. Son costume, composé des rustiques tissus du pays, avait la simplicité de ceux des colons. Il portait cependant sur sa personne l’équipage d’un homme familier avec les guerres de l’ancien hémisphère. Sa main était armée d’une épée large et brillante, semblable à celles que portaient les cavaliers d’Angleterre, et sur son épaule était suspendue la courte carabine d’un homme habitué à combattre à cheval. Ses manières étaient remplies de dignité, elles annonçaient qu’il était fait au commandement. Un premier coup d’œil suffit pour prouver que ce nouvel interrupteur était d’un caractère bien différent de celui du malheureux idiot qu’on voyait à ses côtés.

— Pourquoi un inconnu vient-il troubler le service du temple ? demanda Meek lorsque l’étonnement lui permit de parler. Trois fois le jour saint a été profané par le pied de l’étranger ; et nous pouvons douter si nous ne sommes pas sous l’influence du malin esprit.

— Aux armes ! hommes de Wish-ton-Wish ; aux armes ; courez à vos fortifications !…

Un cri s’éleva du dehors, il sembla entourer la vallée tout entière ; puis d’innombrables hurlements percèrent les vastes arcades de la forêt, comme pour se joindre à cette menace de destruction sur le hameau dévoué. Ces cris avaient été trop souvent entendus ou trop souvent décrits pour n’être pas compris au même instant. Une scène de confusion leur succéda.

Chaque homme, en entrant dans l’église, avait déposé ses armes à la porte, et chacun se précipita au même endroit pour les reprendre. Les femmes rassemblèrent autour d’elles leurs enfants, et les lamentations d’horreur, les larmes, commençaient à l’emporter sur l’empire de l’habitude.

— Silence ! s’écria le pasteur dans un degré d’exaltation qui