Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 9, 1839.djvu/38

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litesse ou par quelques pieuses allusions à la condition précaire de l’homme, fit place à une conversation plus animée.

— Tu es entré dans le champ défriché par le sentier du sud, dit Mark Heathcote en s’adressant à l’étranger avec politesse, et tu dois savoir des nouvelles des villes qui bordent la rivière : quelque chose a-t-il été fait par nos conseillers d’Angleterre dans l’affaire qui est liée si intimement au bien-être de la colonie ?

— Vous voulez me demander, répondit l’inconnu, si celui qui est maintenant assis sur le trône d’Angleterre a écouté les prières de son peuple de cette province, et lui a garanti sa protection contre les abus qui pourraient naître si facilement de sa volonté mal dirigée ou de la violence et de l’injustice de ses successeurs ?

— Nous rendrons à César ce qui est à César, et nous parlerons avec respect de ceux qui ont le pouvoir. J’aimerais à savoir si l’argent envoyé par notre peuple a gagné l’oreille de ceux qui approchent le prince, et s’il a obtenu ce qu’il était allé chercher.

— Il a fait plus, reprit l’étranger avec une sévérité singulière, il a même gagné l’oreille de l’oint du Seigneur.

— Charles a-t-il l’esprit meilleur et plus juste que la renommée ne le publie ? On nous avait dit que sa légèreté et des compagnons mondains le conduisaient à penser plus aux vanités du monde et moins aux besoins de ceux que la Providence l’a appelé à gouverner qu’il n’était convenable pour un homme placé si haut. Je me réjouis que les arguments de l’homme que nous avons envoyé aient prévalu sur de plus mauvais conseils, et de ce que la paix et la liberté de conscience seront probablement les fruits de son entreprise. De quelle manière a-t-il jugé convenable d’ordonner le gouvernement futur de son peuple ?

— Il sera gouverné, comme il l’a été jusqu’ici, par ses propres lois. Winthrop est de retour ; il est porteur d’une chartre royale ; elle garantit tous les droits qu’on réclamait et qu’on mettait en usage depuis longtemps. De tous les sujets de la couronne britannique, il n’y en a pas à la conscience desquels on demande moins, et dont les devoirs politiques soient plus faciles à remplir, que ceux qui habitent le Connecticut.

— Il est convenable alors d’offrir des remerciements à ceux auxquels ils sont dus, reprit le Puritain en croisant les bras sur sa poitrine, et fermant les yeux pendant quelques moments,