Page:Coppée - Œuvres complètes, Poésies, t1, 1885.djvu/108

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Et dont bientôt, par la grâce de mon épée,
Plus d’un aura besoin d’avoir les cieux conquis.
Pour mon compte, Satan est prince, moi marquis,
Et j’irai le rejoindre en égal, car nous sommes
Tous les deux de très-bons et très-vieux gentilshommes.
Puis je retrouverai là-bas, dans son enfer,
Mes meilleurs compagnons de combat que le fer
Jadis faucha parmi les sanglantes tempêtes,
Et nous nous donnerons des tournois et des fêtes ;
Quant à vous, mes mignons, qui vous réjouissez,
Et qui faites des feux de paille, et qui dansez,
Je vais donner à tout le monde un peu de joie
Et régaler si bien mes chers oiseaux de proie
Que, dans cent ans, vos fils ôteront leur chapeau
Quand ils traverseront l’ombre de mon tombeau. »

Et Gottlob, haletant d’une horrible folie,
Tourna son regard noir vers une panoplie
Où s’épanouissaient, comme une fleur de fer
Énorme, vingt estocs au reflet dur et clair,
Que reliaient entre eux des toiles d’araignée ;
Puis, s’élançant, car elle était trop éloignée,
Mit hors du lit sa jambe horrible de vieillard.

Le moine devant lui s’était dressé, hagard.