Page:Coppée - Œuvres complètes, Poésies, t1, 1885.djvu/113

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La reine soulever son beau front douloureux,
Et surtout pour sentir, trop précoce amoureux,
Dans ses lourds cheveux blonds, où le hasard la laisse,
Une fiévreuse main jouer avec mollesse.
Il se mourra du mal des enfants trop aimés ;
Et, parfois, regardant par les vitraux fermés
La route qui s’en va, le nuage qui passe,
La voile sur le fleuve et l’oiseau dans l’espace,
La liberté, l’azur, le lointain, l’horizon,
Il songera qu’il est heureux dans sa prison,
Qu’aux salubres parfums des forêts il préfère
La chambre obscure et son étouffante atmosphère,
Que ces choses ne lui font rien, qu’il aime mieux
Sa mort exquise et lente, et qu’il n’est envieux
Que si, par la douleur arrachée à son rêve,
La reine sur le coude un moment se soulève
Et regarde longtemps de ses yeux assoupis
Le lévrier qui dort en rond sur le tapis.