Page:Coppée - Œuvres complètes, Poésies, t1, 1885.djvu/173

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L’enfant, dans sa douceur malade, plus charmant.

Pourtant, s’il suffisait, pour que la fleur qui pousse
Embaumât le jardin d’une haleine plus douce
Et pour que l’enfant prît des forces chaque jour,
D’un rayon généreux de soleil et d’amour,
Angelus, qu’entourait deux fois l’amour d’un père,
Aurait dû, tout pareil à la fleur qui prospère,
S’épanouir en fraîche et robuste santé.
Si le baiser longtemps et souvent répété
Faisait éclore seul les roses sur la joue ;
Si la bonté d’un cœur d’aïeul qui se dévoue,
La tendresse tremblante et toujours en éveil,
Le front à cheveux blancs penché sur le sommeil,
Suffisaient pour servir de garde et de défense
A ce fragile espoir qu’on appelle l’enfance,
Angelus, délivré des langes du berceau,
Aurait dû s’élancer, léger comme un oiseau,
Par la nature et faire en courant bien des lieues,
Fou des insectes d’or et des fleurettes bleues,
Heureux, libre, voulant tout sentir, tout saisir,
Tout connaître, cédant à l’avide désir,
Tapageur, les cheveux emmêlés par les branches,
Mordant les fruits trop verts de toutes ses dents blanches,
Faisant rire avec lui les échos du chemin