Page:Coppée - Œuvres complètes, Poésies, t1, 1885.djvu/175

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Je m’amuse bien mieux quand je suis avec toi. »

Puis Angelus passait bien des heures à lire ;
Et le savoir n’est pas le père du sourire.
Il lisait trop. D’abord ce désir curieux
Avait rendu le bon curé tout glorieux :
Tel le semeur qui voit prospérer ses semailles.
Ce jeune esprit déjà plein d’heureuses trouvailles,
Ces prompts étonnements, ces vives questions,
Au vieux prêtre inspiraient quelques ambitions,
Car Angelus avait toujours aimé le livre.
A peine avait-il eu jadis besoin de suivre
Le doigt ridé qui montre en tremblant l’alphabet.
Le piège était tentant ; le bonhomme y tombait,
Et parfois sa science était tout étonnée
Quand l’enfant, sachant plus que la leçon donnée,
Avec son éternel « Pourquoi ? » l’embarrassait.
Il ne comprenait pas le danger : il laissait
Angelus absorbé dans ses livres d’estampes,
Et n’apercevait pas palpiter à ses tempes
Les rêves trop pesants pour ce jeune cerveau
Avide avant le temps d’étrange et de nouveau.
Et chaque jour, malgré le calme de l’asile
Où sa vie aurait dû couler, pure et facile,
Dans les fleurs en été, près de l’âtre en hiver,