Page:Coppée - Œuvres complètes, Poésies, t1, 1885.djvu/263

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L’infecte odeur du poêle à qui l’on s’accoutume
Mais qui vous fait pourtant tousser tous les matins,
Le journal commenté longuement, les festins
De petits pains de seigle et de charcuterie,
Le calembourg stupide et dont il faut qu’on rie,
L’entretien très-vulgaire avec le sentiment
De chacun sur les chefs et sur l’avancement,
Le travail monotone, ennuyeux et futile,
Le dégoût de sentir qu’on est un inutile,
Et, pour moment unique où l’on respire enfin,
Le lent retour, d’un pas affaibli par la faim
Que doit mal apaiser le dîner toujours maigre.
— En vieillissant, sa mère était devenue aigre.
Son long chagrin, souffert avec tant de vertu,
— Il faut bien l’avouer, – trop longtemps s’était tu :
Le cœur subit deux fois les douleurs qu’il faut taire
De plus elle allait mal. Enfin son caractère,
Même à ce fils chéri, paraissait bien changé.
Le repas était donc par lui-même abrégé ;
Il souffrait trop alors, pour lui comme pour elle,
De la voir agiter quelque vaine querelle,
Et toujours, le plus tôt possible, il s’en allait.
— À cette heure, au surplus, son devoir l’appelait
Dans le petit café-concert de la barrière,
Où chaque soir, tenant son violon, derrière