Page:Coppée - Œuvres complètes, Poésies, t1, 1885.djvu/59

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Je consens à risquer ma tête
En jonglant avec des couteaux,
Si le vin, ce but de la quête,
Coule à gros sous sur mes tréteaux.

Que la bise des nuits flagelle
La tente où j’irai bivaquant,
Mais que le maillot où je gèle
Soit fait de pourpre et de clinquant !

Que j’aille errant de ville en ville,
Chassé par le corrégidor,
Mais que la populace vile
M’admire, ceint d’un bandeau d’or !

Qu’importe que sous la dentelle,
Devant mon cynisme doré,
Les dévotes de Compostelle
Se signent d’un air timoré,

Si la gitane de Cordoue,
Qui sait se mettre sans miroir
Des accroche-cœurs sur la joue
Et du gros fard sous son œil noir,