Page:Coppée - Œuvres complètes, Poésies, t3, 1888.djvu/17

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Avec la brave vieille aux yeux intelligents ;
Car mon goût est très vif pour les petites gens.
Et, tout en déployant la Presse ou la Patrie,
Qui m’envoyait sa bonne odeur d’imprimerie,
J’avais pour mes trois sous un instant d’entretien.

— « Mon Dieu ! pour le moment, ça ne va pas trop bien.
C’est la morte saison, vous savez… et la Chambre
Ne se réunira que vers la mi-novembre.
Les grands formats sont nuls, et les petits de journaux
N’ont que les faits divers et que les tribunaux…
Vous autres, les messieurs, vous chassez, ou vous êtes
Aux bains de mers, aux eaux… Sans le sou des grisettes,
Qui ne voudraient pour rien manquer le feuilleton
De leur Petit Journal, à peine vivrait-on…
Pour écouler ce tas de papiers qu’on imprime,
C’est triste à dire, mais il faudrait un gros crime…
Je ne désire pas qu’il arrive, grand Dieu !
Mais, du temps du procès Billoir, quel coup de feu !
Quand on a publié toutes ces infamies,
Monsieur, j’étais au bout de mes économies ;
Mais, en un mois, et rien qu’avec les illustrés,
Eh bien ! j’ai pu payer deux termes arriérés…
Mais ce n’est qu’un hasard… Tandis que les tapages
À Versailles, voilà le temps des forts tirages !