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histoire.

sition financière des chambres de justice frappant sur les enrichis, plongèrent l’État dans mille embarras de détail, qui firent perdre de vue des réformes plus urgentes et plus faisables. Bientôt l’agiotage effréné du système financier de Law, à la tête duquel le régent s’était jeté en prince aventurier, se mit à la place de l’esprit dévot et hautain de Louis XIV.

La politique extérieure de la cour de France prit à la même époque un caractère qui aurait pu exercer quelque influence sur le sort des protestants. Le régent avait accueilli avec foule de pompeux honneurs le fondateur schismatique de la civilisation d’un grand peuple, ce czar Pierre, qui, après avoir fait sonder pendant trois ans et à Rome même l’esprit du Vatican, renonça pour toujours à se faire catholique en disant « qu’il voulait être maître chez lui. » « Tels sont les biens que les papes et leur cour font à l’Église, » remarque Saint-Simon[1]. Le roi d’Espagne, Philippe V, séduit par la prière que lui transmit la main mourante de son aïeul Louis XIV, partagea l’une des plus grandes fautes du vieux monarque, en se déclarant en faveur de Jacques III, héritier légitime et détrôné de la couronne d’Angleterre. La mère du prétendant, qui tenait encore une cour intrigante et dévote à Saint-Germain, et le parti jacobite anglais, mirent tout en œuvre pour entraîner Philippe d’Orléans vers la même politique. Les jacobites anglais ne dédaignèrent pas d’envoyer au régent une dame d’une rare beauté pour appuyer leur diplomatie (Lemontey, t. I, p. 90). Le régent aima mieux profiter de ces influences que de leur céder, et après quelques mois d’une marche douteuse, il prit la plus sage mesure, par les conseils du plus fou des ministres ;

  1. Mém., ann. 1717.