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des églises du désert.

persuader au régent qu’il réussirait à combler le gouffre du déficit de Louis XIV, en aidant les revenus chanceux de l’État par les bénéfices chimériques d’un commerce dans le Nouveau-Monde. Nous n’avons pas à juger ici ses opérations financières, qui finirent par des confiscations méthodiques. Mais l’esprit dévot de la cour perça jusque dans les préliminaires de cette vaste banqueroute. Nous laisserons Saint-Simon nous apprendre comment on leva les difficultés. Il fallut écarter les deux obstacles d’étranger et d’hérétique, « Pour cela il fallut trouver un convertisseur, qui n’y prît pas garde de si près. L’abbé Dubois l’avait tout trouvé pour ainsi dire dans sa poche. C’était l’abbé Tencin, que le diable a poussé depuis à une si étonnante fortune, tant il est vrai qu’il sort quelquefois de ses règles ordinaires pour bien récompenser les siens. » (Saint-Simon, tome xviii, page 2.)

La sœur de l’abbé de Tencin, professe des religieuses de Montfleury, près de Grenoble, avait secondé et appuyé toutes les intrigues de son frère, et avait obtenu du pape un changement d’état. Elle devint chanoinesse, et ensuite maîtresse de l’abbé Dubois. Elle ne négligea pas de s’acquérir Law, par les spéculations duquel elle fit gorger d’or le futur cardinal son frère. « Ils en étaient là quand il fut question de ramener au giron de l’Église un protestant ou anglican ; car lui-même ne savait guère ce qu’il était. On peut juger que l’œuvre ne fut pas difficile, mais ils eurent le sens de la faire et de la consommer en secret, de sorte que ce fut quelque temps un problème, et qu’ils sauvèrent par ce moyen les bienséances du temps de l’instruction et de la persuasion, et une partie du scandale et du ridicule d’une telle conversion opérée