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Bourbon et faire passer sous sa direction inepte l’éducation de Louis XV, et surtout pour ruiner les intrigues d’Albéroni, qui fomentait chez le parti des légitimés et dans les mystères poétiques et voluptueux de la cour de Sceaux et de la duchesse du Maine, un foyer sans cesse renaissant d’intrigues où éclatait une méchanceté impuissante, mais tracassière. Les résultats de ce coup d’état de famille furent fort importants, non à cause de cette autre intrigue dite la conspiration de Cellamare, où l’habile Dubois ourdit un complot sérieux sur un fonds de ressentiment de femme et de vanité blessée, mais parce que la disgrâce des légitimés prépara la rupture avec l’Espagne, et disposa de loin la chute d’Albéroni, qui représentait l’influence catholique en Europe. D’autres mesures marchaient de front avec celle-ci, et ne furent pas sans influence sur le sort futur des protestants.

Les querelles des jansénistes renaissaient de toutes parts, et le régent se vit réduit à se mêler de théologie, en ordonnant vainement le silence à d’aussi obstinés sectaires. Voulant avant tout la paix, et désirant en même temps effacer la couleur de parti qu’il avait paru prendre en s’entourant des amis des appelants, tels que le cardinal de Noailles et d’Aguesseau, il résolut d’en finir, et il choisit le parti qui ne termine jamais rien, c’est-à-dire, les négociations avec Rome. On vit Philippe d’Orléans faire alterner dans le Palais-Royal des conférences théologiques de pacification sur les affaires de la grâce et de la bulle avec des réunions d’un tout autre genre, qui soulevaient les sarcasmes populaires contre ce cynique palais, et allumaient les représailles de calomnies dont La Grange Chancel noircit ses vers. Tout se ter-