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histoire.

régence jusqu’à Louis XVI, afin de découvrir sous tant d’abus et tant de dissipations guerrières ou voluptueuses, les véritables sentiments des peuples et cet instinct profond d’améliorations et de réformes qui s’était emparé des esprits éclairés dans presque toutes les classes sociales. Ils auront à dépeindre une position peut-être sans précédent dans l’histoire, celle d’une nation où les idées et les mœurs avaient tellement dépassé les lois civiles et politiques, que dès que les états-généraux, si longtemps oubliés, proclamèrent le vœu national, toute l’ancienne organisation s’écroula en un jour. On avait vu les peuples de l’antiquité et les nations chrétiennes améliorer avec plus ou moins d’impatience leurs coutumes et leurs lois ; il était réservé à l’impétuosité française de raser les fondements mêmes d’une société. Nous n’avons point le dessein d’entrer dans ces questions ; c’est seulement un côté du tableau qui sera traité dans ces pages. Parmi les points divers, touchant lesquels il y avait divorce entre les idées d’une part, les lois judiciaires et les édits d’administration d’autre part, au sein de la France du xviiie siècle, ceux de la tolérance et de l’égalité religieuse figuraient au premier rang. Il s’agit de savoir quel était, après la révocation de l’édit de Nantes, après ses lois barbares, et ses nombreuses émigrations, l’état des églises qui n’avaient pu se résoudre à l’exil. Il s’agit de savoir ce que firent les calvinistes dans les derniers jours du grand roi et sous la monarchie dissipée, mais presque philosophique, de Louis XV. C’est le sort d’une portion très-notable des habitants du royaume à cette époque, c’est, en un mot, le sort des citoyens protestants français au xviiie siècle de notre monarchie que nous venons expliquer.