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des églises du désert.

de l’impossibilité administrative la fit tomber en désuétude, cependant elle occasionna de bien grands malheurs dans le cours d’un siècle, où la jurisprudence variait beaucoup dans les diverses provinces de la France. Une foule de familles protestantes furent atteintes par ses dispositions cruelles. Aussi cette Déclaration fameuse de 1724, plus d’une fois enrichit le fisc des dépouilles des protestants, peupla les galères de leurs citoyens, et les prisons de leurs femmes et de leurs filles. Nous verrons cependant, tant est grande l’influence des mœurs et des idées sur les législations, que même après leur condamnation aux termes de cet édit, souvent leurs chaînes furent brisées par ordres transmis de la cour. Il est vrai que la cupidité servait d’encouragement à la clémence, et que plus d’un protestant n’obtint sa liberté qu’au prix de sommes assez fortes qui allaient se perdre, sans doute à Paris, dans les vestibules des ministères.

Résumons le caractère général de la législation de 1724, en ce qui concernait les églises, qui avaient rêvé un tout autre avenir. Dans l’état civil, les mariages célébrés au désert et non par les curés étaient réputés illégitimes ; les enfants étaient bâtards et inhabiles à hériter. Par un odieux raffinement, les réformés ne pouvaient, sous peine des galères, consentir au mariage de leurs enfants à l’étranger ; mais les enfants, pourvu qu’ils se mariassent à l’intérieur, devant l’église, étaient dispensés de leur demander permission, et dépendaient d’un conseil de collatéraux catholiques. Pour leur état religieux, le code de Louis XIV restait en entier : les ministres punis de mort ; les hommes coupables d’avoir assisté aux assemblées envoyés aux galères à perpétuité, et les femmes à la détention sans fin. Les mêmes peines frappaient ceux