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des églises du désert.

la coalition des traditions du dernier siècle et de l’esprit parlementaire janséniste, les assemblées religieuses du culte proscrit devenaient toujours plus fréquentes en Languedoc. L’organisation ecclésiastique prenait une plus grande consistance. Ce n’étaient plus, comme aux années qui suivirent immédiatement la mort de Louis XIV, des synodes ou des réunions prudentes d’un petit nombre de personnes ; c’étaient de vastes assemblées, convoquées d’avance, où les sacrements étaient régulièrement distribués à une foule fervente. Toutefois, comme toujours, bon nombre de ces réunions furent surprises par les détachements. En 1725 et 1729, ce furent les protestants d’Alais qui souffrirent le plus ; à la première de ces époques, dans cette dernière ville, le mystère du culte privé ne fut pas respecté ; une maison de réunion religieuse fut investie et surprise (Mss. Rab. Dup.). En 1727, les cachots de la tour de Constance reçurent des femmes prisonnières en grand nombre, qu’on avait arrêtées dans les assemblées mêmes. Le besoin le plus impérieux de cette organisation disciplinaire naissante était celui des pasteurs. Antoine Court nous apprend lui-même que de tous les prédicants camisards dont les débris existaient encore dans ces contrées, aucun n’avait reçu l’ordination régulière suivant le rit des églises. Aucun ne pouvait servir de collaborateur aux ministres constitués.

Ces derniers étaient en petit nombre. Dans toute cette époque de l’enfance de Louis XV et de la régence, les souvenirs de la guerre des Cévennes étaient encore palpitants. On conçoit comment, au milieu d’un désordre à peine apaisé, les églises manquaient encore de conducteurs habiles, joignant la science au zèle, en dépit de tous les soins de Court et de ses