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des églises du désert.

tance occupa longtemps le ministre Court et ses collègues. Ses visites pastorales en Languedoc, et celles du ministre Chapel en Poitou et Saintonge (1728), avaient constaté que les protestants étaient groupés encore bien plus qu’on ne l’avait cru. Le ministre Roger avait acquis la même certitude (1715) pour le Dauphiné. Dès lors, les ministres du Languedoc, et spécialement A. Court dont les tournées avaient si bien fait apprécier l’état des communautés, aidé de son ami Duplan, d’Alais, reconnut la nécessité de choisir une ville protestante hors de France, qui pût réunir aux conditions de posséder des professeurs habiles, l’avantage d’une académie, d’un gouvernement tolérant, et de fidèles généreux et tendres, disposés à veiller sur la direction et sur les besoins de cette école des ministres du désert. Genève fut écarté comme excitant trop de soupçons en qualité de centre protestant. On adopta Lausanne. Court fit un voyage en Suisse ; il rédigea des mémoires, il décrivit l’état des choses, et il n’eut pas de peine à démontrer que le terrain tout disposé manquait de conducteurs habiles, et que la cause protestante française dépendait du choix et du nombre de ministres convenables. Partout il excita l’intérêt en faveur des fidèles sous la croix. Partie des souscriptions que la Suisse, l’Angleterre, la Hollande et l’Allemagne faisaient passer aux confesseurs pour cause de religion, ou qu’elles destinaient hors de France à l’entretien d’asiles pour les réfugiés indigents ou au soutien de leurs églises ; enfin plusieurs souscriptions spéciales fournirent les moyens de défrayer les jeunes proposants, qui se sentaient, comme disait le ministre Court, la vocation pour le martyre.

Toutes ces considérations réunies donnèrent lieu à