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des églises du désert.

France ; ce cachet représente la religion sous les traits d’une femme d’une pose ferme, levant ses yeux vers le ciel, avec l’exergue : Le triomphe des fidèles sous la croix. La seconde est revêtue d’un sceau différent, mais d’un travail beaucoup plus soigné, tant pour les lettres que pour la gravure en creux ; c’est une barque à un mât, exécutée avec un fini admirable de détails ; les flots sont sur le point de l’engloutir ; les matelots paraissent en prières, et la voile est pliée ; à l’entour on lit en lettres d’une grande délicatesse : Sauve-nous, Seigneur, nous périssons. Il paraît que l’usage de ces sceaux était fort rare, ou bien qu’on y renonça de bonne heure dans ce siècle ; car dans la multitude d’actes synodaux et de pièces authentiques que nous avons examinés, nous n’avons rencontré que les deux précédentes qui portassent ces symboles de triste et glorieuse mémoire. (Or. mss. P. R.) Grâce au zèle des fidèles, aux visites des ministres, et aux sages mesures des assemblées, on put songer enfin, même en présence de tant d’édits persécuteurs, à prendre des délibérations plus sévères, propres à constater efficacement le nombre des protestants et à porter les plus craintifs à se déclarer, soit par la rigueur des ordonnances ecclésiastiques, soit par la force de l’émulation. L’espoir de vivre sous un régime tolérant ne fut jamais banni du cœur des hommes éminents, qui brillèrent dans ces temps difficiles. Il leur répugnait de penser qu’une forte partie des Français fussent destinés à vivre sans cesse en dehors de la loi commune. Cette confiance en l’avenir est un trait des plus saillants du caractère de cette époque ; mais bien des années devaient s’écouler encore avant que ces vœux fussent remplis. Toutefois, on découvre que déjà les réformés du royaume se croyaient en