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des églises du désert.

et en dépit de son gouvernement, par les soins d’Antoine Court et de ses pieux confrères, fut en quelque sorte fermé par l’empereur Napoléon, en 1809 ; mais il fut fermé pour un plus noble but ; c’est-à-dire, le séminaire de Lausanne donna naissance à la faculté de théologie protestante de Montauban. Ce ne fut donc qu’en 1809 que l’éducation du clergé protestant rentra dans la patrie d’où elle avait été bannie depuis Louis XIV. Il n’est point très-facile aujourd’hui de savoir, pendant cette longue interruption, quel fut le mouvement véritable de cet établissement vaudois, si cher aux églises nationales. Toutefois, nous puiserons dans nos pièces quelques détails sur ce sujet intéressant.

On conçoit fort bien comment les données historiques nous manquent presque totalement sur le séminaire suisse des pasteurs réfugiés français. Le gouvernement de la république de Genève, dans le siècle dernier, fut obligé de céder aux injonctions de la cour de Versailles ; il s’était vu forcé d’interdire aux pasteurs de la vénérable compagnie toute correspondance avec les ministres résidant en France. « Une conséquence de ce mystère, qu’on observait avec une sorte de terreur, était que presque tous les papiers et les correspondances surtout qui avaient rapport à l’établissement, étaient brûlés avec soin. » (Mss. de Végobre, 1835.) Nos pièces de la collection Paul Rabaut montrent bien qu’on avait songé, dans l’origine, à placer l’établissement à Genève même ; mais les fondateurs jugèrent bientôt que la prudence exigeait que les jeunes gens protestants français qui étudiaient pour le ministère, quelque rares et inoffensifs qu’ils fussent, se rendissent un peu plus loin en Suisse, et ne restassent pas si près de la frontière, sous