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histoire.
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instructifs de cette époque. En y regardant de près, on découvre assez facilement le secret des motifs, en apparence opposés, qui les faisaient agir et qui constituaient la jurisprudence de la magistrature. Chez ces grands corps judiciaires, très-considérés à cause de leur influence politique, et souvent aussi à cause de leurs mœurs, régnait évidemment un esprit de conservation et d’attachement pour la religion catholique. Les parlements qui montraient un esprit si gallican et si opposé aux empiétements ultramontains, se montraient également disposés à rétablir l’équilibre en sévissant contre les religionnaires. Plus ils se conduisirent avec hauteur à l’égard de Rome, plus ils voulurent déployer de rigueur à l’égard de Genève. Les parlements français, dans le cours du xviiie siècle, semblèrent imiter les illustres docteurs de Port-Royal, lesquels, ainsi que Jurieu le reprocha très-justement au grand Arnauld, à mesure qu’ils étaient bafoués et calomniés par les jésuites, éprouvaient le besoin, en répondant au molinisme, de diriger également des traits acérés contre Calvin. Voilà pourquoi les dénonciations contre la morale relâchée et contre le probabilisme des jésuites, coïncidèrent avec leurs grands traités contre Claude et contre les autres savants théologiens protestants. Ainsi se dirigèrent au xviiie siècle, dans d’autres circonstances, mais d’après les mêmes traditions, les parlements de France imbus de l’esprit gallican. Et il faut encore contempler, à côté de cette tendance, celle d’une piété héréditaire chez beaucoup d’anciennes familles de robe ; cependant les faits nous montrent, dans toutes ces époques et chez les hommes les plus éclairés, combien il était difficile alors de séparer la dévotion d’avec des principes et des pratiques qui nous paraîtraient aujour-